Choisi par Carine LE MALET
Il est un artiste numérique français – en fait un artiste d’une époque numérique – qui utilise les images de synthèse 3D sous plusieurs formes : vidéos, tirages, sculptures.
Il élabore à partir de 2004 des œuvres plastiques et ré ectives qui décortiquent méticuleusement les spécificités des images de synthèse 3D et des mondes virtuels, s’inscrivant dans une nouvelle forme d’art.
« J’ai depuis toujours été passionné par le lien entre l’art et les sciences. Ma pratique de l’art est d’ailleurs passée par le filtre de la science, par le biais de l’informatique et de la 3D.
J’aime quand les Å“uvres sont le fruit d’une recherche, que leur élaboration est passée par un processus complexe, par la résolution de problématiques techniques. Il me semble très intéressant de pouvoir utiliser des techniques industrielles dans un but artistique. Beaucoup d’innovations artistiques proviennent d’ailleurs souvent de l’émergence de nouvelles technologies (la sérigraphie pour Warhol, la vidéo pour Nam June Paik, les matières plastiques et les gaz rares pour Kowalski, les inclusions sous polyester pour Arman, les expansions et les compressions pour César, les tubes de néon pour Dan Flavin…).
Le sens de la recherche, la notion de travail, de savoir-faire, créent à mon sens un lien fort avec les peintres du XVe et XVIe siècle.
Les peintres de la Renaissance étaient à la fois des artistes et des scientifiques, des mathématiciens. Ce sont eux qui ont apporté par exemple la perspective, en tout cas sa théorisation. Ils avaient déjà cette volonté de représenter un espace en trois dimensions. J’ai le sentiment que l’image de synthèse telle qu’on la connaît aujourd’hui est la continuité directe de ce mouvement, une voie artistique parallèle qui s’est développée en marge des courants modernistes, je pense notamment aux ready made ou aux performances.
J’ai le sentiment qu’aujourd’hui il n’existe pas un courant mais de multiples courants. Les artistes contemporains peuvent librement se projeter dans l’histoire de l’art et développer une voie qu’il leur est propre.
Je considère mon travail comme classique, mais à la fois moderne par les techniques, les technologies utilisées, ainsi que les problématiques soulevées. Ma démarche n’est pas post-moderne, elle est alter moderne. »
Hugo Arcier