Le travail d’Alia Farid porte sur des thèmes abordant simultanément de nombreuses problématiques, fermement ancrés dans le tissu de la vie contemporaine. Ses projets ont une façon de mener leur vie de manière indépendante. Elle a été choisie comme commissaire du pavillon de son pays natal, le Koweït, à la Biennale d’architecture de Venise en 2014, où elle a présenté un siècle de modernité koweïtienne, façonnée par la découverte du pétrole. Cette présentation a également donné naissance à une école informelle qui a survécu au pavillon, devenant un lieu de discussion sur les dimensions sociales des espaces et des environnements architecturaux. « À une période où les politiques identitaires resurgissent, Alia Farid est soucieuse de ne pas faire étalage de son double héritage – le Golfe et les Caraïbes – mais plutôt de le valoriser afin de se forger une identité d’auteur singulièrement individuelle », estime Claire Tancons, co-curatrice de la 14e Biennale de Sharjah. Alia Farid (née en 1985 à Koweït), vit et travaille à Koweït et San Juan. Depuis 2014, elle a participé à plusieurs importantes biennales — la Bienal de São Paulo (2016), la Gwangju Biennale (2018) et la Sharjah Biennial (2019) — et elle a été sélectionnée pour le Future Generation Art Prize (2019). Sa première exposition personnelle à Imane Farès, Between Dig and Display a eu lieu en 2017. Parmi ses expositions personnelles récentes et futures, on peut citer In Lieu of What Was, Portikus, Francfort (2018), Alia Farid, a solo exhibition, Witte de With, Rotterdam (2019), The Power Plant, Toronto (2021) et Contemporary Art Museum St. Louis (2021).. Alia Farid sera egalement la commissaire de l’exposition The Space Between Classrooms, la 5e exposition anuelle d’architecture et de design du Swiss Institute à New York de janvier à avril 2021. Récemment, Alia Farid s’est inspirée de ses origines – elle a grandi au sein de deux sociétés très différentes mais tout aussi liminales, Koweït et Porto Rico – en privilégiant la rigueur conceptuelle et l’ambition par rapport à la biographie personnelle.
Maske Paske Wi
2020
Installation vidéo à deux écrans, couleur,
son stéréo, projetée en boucle
18 min. 47 sec., 13 min 37 sec.
Commandité par le Witte de With, The
Power Plant, et le Contemporary Art
Museum St. Louis
Edition de 5 + 2 AP
Image courtesy de Witte de With Center
for Contemporary Art, Rotterdam.
Photographe: Kristien Daem.
Maske Paske Wi (2020), Farid s’est rendue dans
l’une de ses deux régions d’origine, les Caraïbes,
et plus particulièrement certains quartiers de la
capitale d’Haïti, Port-au-Prince. Le travail a été
développé après le séjour de Farid sur l’île, l’hiver
dernier, une période qui a vu une recrudescence
des manifestations contre le gouvernement à
cause de l’inflation galopante, du taux élevé de
chômage, de la dévaluation monétaire et de la
violence endémique. Parmi d’autres activités,
Farid a travaillé de près avec les habitants pour
mettre sur pied une structure informelle leur
permettant d’avoir quelques revenus mais
aussi d’offrir un espace et du temps pour la
convivialité. Le résultat fut une compétition de
danse et de costumes intitulée en créole haïtien
Maske Paske Wi (« masqué parce que oui »)
Maske Paske Wi
2020
Installation vidéo à deux écrans, couleur,
son stéréo, projetée en boucle
18 min. 47 sec., 13 min 37 sec.
Commandité par le Witte de With, The
Power Plant, et le Contemporary Art
Museum St. Louis
Edition de 5 + 2 AP
Image courtesy de Witte de With Center
for Contemporary Art, Rotterdam.
Photographe: Kristien Daem.
Maske Paske Wi
2020
Installation vidéo à deux écrans, couleur,
son stéréo, projetée en boucle
18 min. 47 sec., 13 min 37 sec.
Commandité par le Witte de With, The Power
Plant, et le Contemporary Art Museum St.
Louis
Edition de 5 + 2 AP
Image courtesy de Witte de With Center
for Contemporary Art, Rotterdam.
Photographe: Kristien Daem.
At the Time of the Ebb
2019
Vidéo, couleur, son stéréo, master
4K,projetée en boucle 15 min. 43 sec.
Commandité par la Sharjah Art Foundation
pour la 14ème édition de la Sharjah Biennial
par la commissaire Claire Tancons,
Titre : Leaving the Echo Chamber | Look
for Me All Around You.
Edition de 5 + 2 AP
Image courtesy def Witte de With Center
for Contemporary Art, Rotterdam.
Photographe : Kristien Daem.
Ed. 1/5: Bonnefantenmuseum, Maastricht,
The Netherlands
At the Time of the Ebb, l’artiste a parcouru cent
kilo-mètres nautiques depuis la pointe orientale
de la Péninsule arabique jusqu’à l’ île iranienne de
Qechm. Là, elle a filmé la fête annuelle du Norouz
Sayadin (« le pêcheur de la nouvelle année »). Tel
est le décor de l’essai filmique de Farid, une
balade mélancolique autour d’une tradition
toujours vivante sur une île qui semble hors du
temps ou plutôt qui vit selon son propre rythme,
en harmonie avec le cycle ancestral des saisons.
Le film montre des habitants de l’ île exécuter les
rituels de la fête et nous révèle leurs coutumes,
traditions anciennes et environnement matériel
et naturel : un intérieur domestique vivement
coloré ou une vue sur l’immensité du golfe
Persique.
At the Time of the Ebb
2019
Vidéo, couleur, son stéréo, master
4K,projetée en boucle 15 min. 43 sec.
Commandité par la Sharjah Art Foundation
pour la 14ème édition de la Sharjah Biennial
par la commissaire Claire Tancons,
Titre : Leaving the Echo Chamber | Look
for Me All Around You.
Edition ode 5 + 2 AP
Image de la vidéo © Alia Farid
Ed. 1/5: Bonnefantenmuseum, Maastricht,
The Netherlands
At the Time of the Ebb
2019
Vidéo, couleur, son stéréo, master
4K,projetée en boucle 15 min. 43 sec.
Commandité par la Sharjah Art Foundation
pour la 14ème édition de la Sharjah Biennial
par la commissaire Claire Tancons,
Titre : Leaving the Echo Chamber | Look
for Me All Around You.
Edition de 5 + 2 AP
Image de la vidéo © Alia Farid
Ed. 1/5: Bonnefantenmuseum, Maastricht,
The Netherlands
At the Time of the Ebb (photograph)
2019
Impression jet d’encre sur papier baryté
Hahnemüle Photo Rag, encadrée
60 x 40 cm
Edition de 5 + 1 AP
Theatre of Operations (The Gulf
War seen from Puerto Rico)
2017
BD Video, Vidéo, couleur, son, en trois
partie
4 h 08 min 50 sec
Edition de 5 + 2 EA
Theatre of Operations ( the Gulf War seen
from Puerto Rico) est une compilation en trois
parties de séquences trouvées dans le cadre
d’un reportage sur la vie de la famille d’Alia
Farid pendant l’invasion du Koweït par l’Irak en
1990-1991 et sa fuite du Koweït vers Porto Rico.
Cette œuvre aux multiples facettes explore
l’urgence et la complexité du paysage politique
du Moyen-Orient depuis le point de vue de Porto
Rico, depuis sa propre position subordonnée
aux États-Unis, et à travers les voix et les corps
des personnes qui l’habitent.
Vaults
2018
Caissons lumineux, cadres métalliques,
fausse pierre, argile et impressions
numériques
Dimensions variables
Coproduit par le PinchukArtCentre et
Imane Farès, Paris
Œuvre unique
Image courtesy PinchukArtCentre ©
2019. Photo : Maxym Bilousov
L’installation d’Alia Farid pour le Future
Generation Art Prize 2019 est une continuation
de ses investigations sur la fonction des musées
dans le Golfe arabique aniconique. L’œuvre
est une réponse aux tentatives avortées de
refléter les constructions occidentales par
un projet de modernisation, et aux questions
de représentation. L’exposition fragmentée
combine des symboles du passé et du présent
qui parlent de la dissipation du polythéisme
arabe avec l’avènement de l’Islam, et de la
montée d’un nouveau matérialisme avec
l’avènement d’une économie centrée sur le
pétrole. Parmi les objets exposés, on trouve une
plaque de rue au néon de couleur vive et des
répliques en céramique d’artefacts conservés
dans le sous-sol du Musée national du Koweït,
qui est inachevé : des palmettes grecques, une
sculpture nabatéenne d’un dauphin à la queue
cassée, un encensoir en pierre et une stèle.
À travers cette rencontre spatiale, Farid
présente un monde de vulnérabilités cachées
chargé de vues conflictuelles sur le rôle et la
production des images.
Vaults
2018
Caissons lumineux, cadres métalliques,
fausse pierre, argile et impressions
numériques
Dimensions variables
Coproduit par le PinchukArtCentre et
Imane Farès, Paris
Œuvre unique
Image courtesy PinchukArtCentre © 2019.
Photo : Maxym Bilousov
Jerrycan (Lovely Gift from
Blessed Land)
2017-2020
Pierre calcaire
30 x 36 x 15 cm
Œuvre unique
Vues d’exposition,
Alia Farid : A solo exhibition,
4 juin – 25 juillet
Imane Farès
Maske Paske Wi
2020
Copyright : Vue d’exposition, Tadzio
Courtesy de l’artiste et Galerie Imane
Farès
Vues d’exposition,
Alia Farid : A solo exhibition,
4 juin – 25 juillet
Imane Farès
Maske Paske Wi
2020
Copyright : Vue d’exposition, Tadzio
Courtesy de l’artiste et Galerie Imane
Farès
Vues d’exposition,
Alia Farid : A solo exhibition,
4 juin – 25 juillet
Imane Farès
At the Time of the Ebb
2019
Copyright : Vue d’exposition, Tadzio
Courtesy de l’artiste et Galerie
Imane Farès
Copyright © 2024 OPLINEPRIZE
Eva L’Hoest (Liège, 1991, Belgique – vit et travaille à Bruxelles ) explore les façons dont toutes les natures d’images mentales, en particulier le souvenir et la réminiscence, trouvent à se re–matérialiser dans une forme technologique. Elle poursuit avant tout l’exploration de la mémoire et de son infime et étrange réalité subsistante. Pièces après pièces, l’artiste s’approprie les technologies de son contemporain pour révéler à la fois leur nature de prothèses d’appréhension du monde et leur potentiel en tant que médium artistique.
Son travail a été récemment présenté à la quinzième Biennale de Lyon, Lyon (France) curaté par le Palais de Tokyo, la Triennale Okayama Art Summit 2019 “IF THE SNAKE” curaté par Pierre Huyghe, Okayama (Japon), « Suspended time, Extended space » Casino Luxembourg (Benelux), « Fluo Noir » (BIP2018, Liege, BE), « WHSS » (Melange, Koln, DE), Mémoires (ADGY Culture Development Co. LtD., Bejing, CH), Trouble Water (Szczecin Museum, Szczecin, PL), « Now Belgium Now» (LLS358, Antwerp, BE), « Chimera : Marcel Berlanger, Djos Janssens et Eva L’Hoest» (Meetfactory, Prague, CZ), « Marres currents #3:Sighseeing » (Maastricht, NL).
Ses films ont été programmés récemment sous la forme d’une performance à la dernière édition du IFFR à Rotterdam, ImagesPassage à Annecy, le MACRo Museum à Rome, les Rencontres Internationales Paris–Berlin en 2018 ainsi que le Visite Film Festival à Anvers.
Mélodie Mousset (*1981, Abu Dhabi, vit à Zurich) utilise son propre corps pour cartographier, indexer et narrer un « soi » qui semble en métamorphose permanente, lui échappant dès qu’elle cherche à en prendre possession. Elle s’intéresse aux processus d’individuation biologiques, techniques, culturels, individuels et collectifs qui forment le corps. Ces questions anthropologiques et philosophiques prennent forme dans des vidéos, sculptures, installations, performances ou de la réalité virtuelle.
Dans le film Intra Aura Mélodie Mousset entreprend une recherche intense et de longue durée pour approfondir cet intérêt pour le corps, son intériorité phsychique et organique. Elle s’approprie des technologies de visualisation médicales (IRM, impression 3D), les met en rapport avec des rites chamaniques des « curanderos » Mazatèques qu’elle rencontre au cours d’un voyage au Mexique et les combine avec un travail plastique et filmographique.
Avec HanaHana, Mélodie Mousset prolonge cet intérêt pour une narration onirique, une curiosité pour la perméabilité des limites corporelles et un détournement artistique des technologies de pointe. En empruntant la forme du jeu interactif et collaboratif, cette œuvre de réalité virtuelle constitue un environnement fantastique immersif. Chacun.e peut générer des formes et laisser des traces de son passage dans ce désert habité par des sculptures archaïques où fleurissent des mains humaines de toutes tailles et couleurs. Les joueuses et joueurs peuvent se téléporter et multiplier leurs corps à l’extérieur d’eux mêmes et, en version connectée, interagir avec des joueurs qui se trouvent à d’autres endroits. L’espace d’exposition devient ainsi un espace partagé, à la frontière de l’intime et du public, virtuel tout autant que réel.
La combinaison de la musique envoûtante avec l’audio interactif, généré en temps réel par les activités et gestes des joueuses et des joueurs, est également une composante essentielle de cet environnement multi-sensoriel. Dernièrement, Mélodie Mousset fouille particulièrement l’aspect interactif et musical de la réalité virtuelle et cherche à développer un nouveau langage de programmation et d’expérience musicale.
La pratique de Mélodie Mousset s’inscrit profondément dans l’expérience d’un monde contemporain déroutant, défini par ce contraste entre le numérique et le corporel. Avec ses œuvres nous sommes amenés à nous questionner comment se positionnent, dans cet environnement de plus en plus dirigé par les technologies numériques, les corps humains physiques, réels, opaques, vivants, remplis d’organes, porteurs d’une intériorité mentale et psychique, avec des recoins riches d’imagination. Comme le dit l’écrivain et vidéaste américaine Chris Kraus : « Mousset’s associative process is so rich. She fully believes in her own imagination and the logical or alogical digressions that shape an inner life. » (424 mots)
– Claire Hoffmann
Justine Emard (née en 1987) explore les nouvelles relations qui s’instaurent entre nos existences et la technologie.En associant les différents médiums de l’image – photographie, vidéo, réalité virtuelle et performance -, elle situe son travail dans un flux entre la robotique, les neurosciences, la vie organique et
l’intelligence artificielle.
De la création d’un dialogue entre un robot androïde et une psychologue (Erika, film de recherche,2016), à la matérialisation de rêves en impressions 3D (Dance Me Deep, 2020), en passant par une performance avec un moine bouddhiste (Heavy Requiem, 2019), ses œuvres tissent de nouveaux récits, issus d’interactions humains-machines et de l’incarnation de données. Dans Co(AI)xistence (2017), elle met en scène une première rencontre entre deux formes de vies différentes : un danseur/acteur, Mirai Moriyama, et le robot Alter, animé par une forme de vie primitive basée sur un système neuronal, une intelligence artificielle (IA) programmée par le laboratoire de Takashi Ikegami (Université de Tokyo), dont l’incarnation humanoïde a été créée par le laboratoire de Hiroshi Ishiguro (Université d’Osaka).
Grâce à un système d’apprentissage profond, l’IA apprend de l’humain, comme l’humain apprend de la machine, pour tenter de définir de nouvelles perspectives de coexistence. Une esquisse des possibilités du futur apparaît dans Soul Shift (2019) et Symbiotic Rituals (2019), lorsque différentes générations de robots commencent à se reconnaître. Leur apparence minimale autorise une projection émotionnelle, en ouvrant un espace pour l’imagination. Le Japon, que l’artiste a découvert en 2012 et où elle continue de se rendre régulièrement, a sensiblement marqué son travail. Au cours de ses multiples séjours, elle a exploré les connexions entre sa pratique des nouveaux médias et la philosophie japonaise ; en particulier le shintoïsme, qui confère un caractère sacré à la nature. Cette pensée animiste, encore vivace à l’époque des technologies connectées, affleure dans Exovisions (2017), une installation composée de pierres, de bois pétrifiés, d’argile prise dans la roche et d’une application de réalité augmentée. Depuis 2016, elle élabore sa série photographique La Naissance des Robots (2016-2020), dans la perspective anthropologique de l’évolution humaine, entre archéologie du futur et robotique androïde. Depuis 2011, elle montre son travail lors d’expositions personnelles en France, Corée du Sud, Japon, Canada, Colombie, Suède et Italie. Elle participe également à des expositions collectives : 7ème Biennale internationale d’Art Contemporain de Moscou, NRW Forum (Düsseldorf), National Museum of Singapore (Singapour), Moscow Museum of Modern Art (Moscou), Institut Itaú Cultural (São Paulo), Cinémathèque Québécoise (Montréal), Irish Museum of Modern Art (Dublin), Mori Art Museum (Tokyo), Barbican Center (Londres).