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Edgar Morin est un sociologue et philosophe français né le 8 juillet 1921 à Paris. Il définit sa façon de penser comme co-constructiviste, une approche de la connaissance reposant sur l’idée que notre image de la réalité est le produit de l’esprit humain en interaction avec cette réalité, et non le reflet exact de la réalité elle-même : « Lorsque vous percevez un paysage, ce n’est pas une photographie que prennent vos yeux. Vos rétines sont frappées par des stimuli lumineux que transporte le nerf optique en un code binaire jusqu’au cerveau qui reconstruit une vision. Vous êtes une constance perceptive. Vous ne vous en rendez pas compte mais vous traduisez sans cesse. Vous êtes condamné à interpréter. »
Pour affronter avec discernement la complexité du réel, Edgar Morin s’inscrit dans la « transdisciplinarité ». Il part du principe que notre mode d’intelligence, qui ne cesse d’isoler les problèmes et de les détailler, nous aveugle. Le processus de disjonction, puis réduction, puis abstraction nous fait perdre une partie de la réalité. La connaissance ne doit pas àªtre amoindrie, cloisonnée, elle se doit d’àªtre appréhendée dans tout ce qu’il y a de singulier tout en prenant compte de l’ensemble de ce qui le compose, univers intérieur et extérieur de l’àªtre humain : « Je l’ai compris en travaillant à mon premier livre important, publié en 1951, L’Homme et la Mort. à€ cette époque, la Bibliothèque nationale recensait en tout et pour tout quatre ouvrages sur ce sujet, tous religieux. Mais pour comprendre les attitudes des hommes face à la mort, il y a bien sà»r l’étude des religions, mais aussi la biologie, l’histoire, et màªme la préhistoire, l’étude des civilisations, la psychologie, la psychanalyse, pratiquement toutes les sciences humaines, sans oublier la littérature et la poésie, qui en parlent beaucoup. Du reste, tout grand ou important problème est invisible depuis une discipline close et nécessite une approche transdisciplinaire.
Ainsi, Edgar Morin explore le « complexus », (ce qui est tissé ensemble) dans un enchevàªtrement d’entrelacements (plexus) : « Prenons une tapisserie contemporaine. Elle comporte des fils de lin, de soie, de coton, de laine, aux couleurs variées. Pour connaà®tre cette tapisserie, il serait intéressant de connaà®tre les lois et les principes concernant chacun de ces types de fil. Pourtant, la somme des connaissances sur chacun de ces types de fil entrant dans la tapisserie est insuffisante pour, non seulement connaà®tre cette réalité nouvelle qu’est le tissu, c’est-à -dire les qualités et les propriétés propres à cette texture, mais, en plus, est incapable de nous aider à connaà®tre sa forme et sa configuration.
Première étape de la complexité : nous avons des connaissances simples qui n’aident pas à connaà®tre les propriétés de l’ensemble. Un constat banal qui a des conséquences non banales : la tapisserie est plus que la somme des fils qui la constituent. Un tout est plus que la somme des parties qui la constituent.
Deuxième étape de la complexité : le fait qu’il y a une tapisserie fait que les qualités de tel ou tel type de fils ne peuvent toutes s’exprimer pleinement. Elles sont inhibées ou virtualisées. Le tout est alors moins que la somme des parties.
Troisième étape : cela présente des difficultés pour notre entendement et notre structure mentale. Le tout est à la fois plus et moins que la somme des parties.
Dans cette tapisserie, comme dans l’organisation, les fils ne sont pas disposés au hasard. Ils sont organisés en fonction d’un canevas, d’une unité synthétique chaque partie concourt à l’ensemble. Et la tapisserie elle- màªme est un phénomène perceptible et connaissable, qui ne peut àªtre expliqué par aucune loi simple. »3
Selon Edgar Morin, pour comprendre le monde, il faut associer les principes antagonistes d’ordre et de désordre, en y adjoignant celui d’organisation : il souhaite alors apprendre à relier, c’est-à -dire pas seulement établir bout à bout une connexion, mais établir une connexion qui se fasse en boucle. La pensée complexe est comprendre qu’il est à la fois nécessaire de distinguer (qui n’est pas isoler) les éléments, mais aussi de comprendre tout ce qui les relie en tenant compte des interactions qui compose l’ensemble, que ce soit l’implication mutuelle ou l’inséparabilité.
1 Edgar Morin, Introduction à la pensée complexe, Seuil 2005
2 Edgar Morin ou l’éloge de la pensée complexe CNRS Le Journal, 04.09.2018, par Francis Lecompte3 Edgar Morin, Introduction à la pensée complexe, Seuil 2005
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