a propos
Giuliana Cunéaz crée des mondes parallèles en développant un langage autonome où la donnée réelle constitue la piste de signes pour imaginer de nouveaux espaces de connaissance. Ce sont des univers inclusifs qui vont à la rencontre de l’invisible.
Dans les années 1990, elle travaille sur l’espace imaginé puis sur le corps imaginé avec une méthodologie qui anticipe ce qui se passera dans les décennies à venir lorsque la science, les nanotechnologies, la physique quantique et l’Intelligence Artificielle s’imposeront dans un contexte où ce que l’on observe décrète son existence en rendant tangible l’invisible. Les œuvres en 3D réalisées dès 2005 sont l’expression d’un art total qui intègre toutes les formes de langage, de l’architecture à la sculpture, de la peinture au dessin.
Le désir d’élargir son champ de vision l’a conduite vers des œuvres d’une grande complexité comme Zone Hors Contrôle (Zona Fuori Controllo, 2011-2013) ou Les Chercheurs de Lumière (I Cercatori di Luce, 2019-2021) dans lesquelles elle construit des mondes à l’aide d’outils nanotechnologiques sophistiqués. Outre les aspects sociaux, les nombreuses références aux catastrophes naturelles et aux perturbations écologiques, (Zone Out of Control), ce qui apparaît de manière évidente, c’est la création de nouvelles hypothèses visuelles où l’artiste réinvente des paysages de glace ou de feu, créant des formes futuristes qui en même temps s’enfoncent dans le passé.
Dans le film à trois écrans Les Chercheurs de Lumière (The Seekers of Light), sa capacité à intercepter des lieux et des natures cachés dans la matière invisible est manifeste. Ce n’est pas le fantastique qui surgit, mais des mondes possibles construits autour d’atomes et de particules dans un environnement où acteurs, danseurs et performeurs cohabitent avec les images 3D et vont vers la régénération.
Le signe et le rêve trouvent ensuite leur synthèse avec La belle au bois dormant (2023), une installation interactive qui permet au spectateur de vivre une expérience individuelle grâce à l’utilisation de l’intelligence artificielle. Il n’y a plus d’œuvre unique à contempler, mais un processus visuel à chaque fois différent, au centre duquel se trouve la personnalité du spectateur. Chaque personne, allongée sur un lit conçu par l’artiste avec l’inclusion d’éléments évoquant l’univers technologique, est confrontée à son propre « rêve » projeté sur un écran. Le titre de l’œuvre fait référence à La Belle au bois dormant, le célèbre conte de Charles Perrault, à la différence qu’il est demandé au spectateur de se laisser transporter dans un univers onirique sans s’endormir. Il déclenche lui-même le processus en écrivant une phrase sur une tablette qui est retravaillée en fonction d’une série de prompts définis par l’artiste. Le résultat change à chaque fois et l’observateur se retrouve à visualiser ses propres émotions. Dans l’œuvre de Giuliana Cunéaz, c’est encore une fois le regard qui choisit l’émerveillement dans une quête visionnaire où les horizons du visible et de l’invisible tendent à se superposer et à se multiplier.
Nominée par:
Gabriel V SOUCHEYRE
Oeuvre choisie:
La belle au bois dormant
Site web:
www.giulianacuneaz.com
CV
Expositions personnelles
2024
QUI MA NON ORA
Galleria Gagliardi e Domke, Torino
Il Processo
Museo di Scienze Naturali, Brescia
Quantum Quirks
SODA, School of Digital Arts, Manchester, Vidéo-projection sur la façade du bâtiment
2022
C’è tanto spazio laggiù in fondo
MEET Digital Culture Center
2021
I Cercatori di Luce
Palacinema, Locarno
Amabie in Maravee Folle
Casa della Musica, Grado (GO)
Expositions de groupe
2024
Biennale Light Art, Casa del Mantegna, Mantova
Natura Utopia, l’Arte tra Ecologia Riuso e Futuro
Fondazione Perugia, Perugia
L’opera d’Arte nell’Epoca dell’Intelligenza Artificiale
Palazzo Pigorini, Parma
2023
VISIBILE INVISIBILE, TECNICHE DELLA MERAVIGLIA
Casa degli Artisti, Milano
ENCORE & EN-CORPS
Forum Exhibition e baladoir de Bonlieu, Imagespassages, Annecy
CYFEST 15 – Vulnerability
HayArt Cultural Center, Yerevan, Armenia
2022
IL VIDEO RENDE FELICI. VIDEOARTE IN ITALIA
Palazzo delle Esposizioni e Galleria d’Arte Moderna, Roma
D’APRÈS
Gagliardi e Domke
Contemporary, Torino
2021
Além de 2020 Arte italiana na pandemia
MAC USP Museo d’Arte Contemporanea dell’Università di San Paolo
100 Ways to live the New Year
Museo Pushkin, Mosca (Exposition en ligne)
2020
ASSALTO AL CASTELLO 14 artisti valdostani conquistano il Museo Gamba (14 artistes valdôtains conquièrent le Musée Gamba)
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Eva L’Hoest (Liège, 1991, Belgique – vit et travaille à Bruxelles ) explore les façons dont toutes les natures d’images mentales, en particulier le souvenir et la réminiscence, trouvent à se re–matérialiser dans une forme technologique. Elle poursuit avant tout l’exploration de la mémoire et de son infime et étrange réalité subsistante. Pièces après pièces, l’artiste s’approprie les technologies de son contemporain pour révéler à la fois leur nature de prothèses d’appréhension du monde et leur potentiel en tant que médium artistique.
Son travail a été récemment présenté à la quinzième Biennale de Lyon, Lyon (France) curaté par le Palais de Tokyo, la Triennale Okayama Art Summit 2019 “IF THE SNAKE” curaté par Pierre Huyghe, Okayama (Japon), « Suspended time, Extended space » Casino Luxembourg (Benelux), « Fluo Noir » (BIP2018, Liege, BE), « WHSS » (Melange, Koln, DE), Mémoires (ADGY Culture Development Co. LtD., Bejing, CH), Trouble Water (Szczecin Museum, Szczecin, PL), « Now Belgium Now» (LLS358, Antwerp, BE), « Chimera : Marcel Berlanger, Djos Janssens et Eva L’Hoest» (Meetfactory, Prague, CZ), « Marres currents #3:Sighseeing » (Maastricht, NL).
Ses films ont été programmés récemment sous la forme d’une performance à la dernière édition du IFFR à Rotterdam, ImagesPassage à Annecy, le MACRo Museum à Rome, les Rencontres Internationales Paris–Berlin en 2018 ainsi que le Visite Film Festival à Anvers.
Mélodie Mousset (*1981, Abu Dhabi, vit à Zurich) utilise son propre corps pour cartographier, indexer et narrer un « soi » qui semble en métamorphose permanente, lui échappant dès qu’elle cherche à en prendre possession. Elle s’intéresse aux processus d’individuation biologiques, techniques, culturels, individuels et collectifs qui forment le corps. Ces questions anthropologiques et philosophiques prennent forme dans des vidéos, sculptures, installations, performances ou de la réalité virtuelle.
Dans le film Intra Aura Mélodie Mousset entreprend une recherche intense et de longue durée pour approfondir cet intérêt pour le corps, son intériorité phsychique et organique. Elle s’approprie des technologies de visualisation médicales (IRM, impression 3D), les met en rapport avec des rites chamaniques des « curanderos » Mazatèques qu’elle rencontre au cours d’un voyage au Mexique et les combine avec un travail plastique et filmographique.
Avec HanaHana, Mélodie Mousset prolonge cet intérêt pour une narration onirique, une curiosité pour la perméabilité des limites corporelles et un détournement artistique des technologies de pointe. En empruntant la forme du jeu interactif et collaboratif, cette œuvre de réalité virtuelle constitue un environnement fantastique immersif. Chacun.e peut générer des formes et laisser des traces de son passage dans ce désert habité par des sculptures archaïques où fleurissent des mains humaines de toutes tailles et couleurs. Les joueuses et joueurs peuvent se téléporter et multiplier leurs corps à l’extérieur d’eux mêmes et, en version connectée, interagir avec des joueurs qui se trouvent à d’autres endroits. L’espace d’exposition devient ainsi un espace partagé, à la frontière de l’intime et du public, virtuel tout autant que réel.
La combinaison de la musique envoûtante avec l’audio interactif, généré en temps réel par les activités et gestes des joueuses et des joueurs, est également une composante essentielle de cet environnement multi-sensoriel. Dernièrement, Mélodie Mousset fouille particulièrement l’aspect interactif et musical de la réalité virtuelle et cherche à développer un nouveau langage de programmation et d’expérience musicale.
La pratique de Mélodie Mousset s’inscrit profondément dans l’expérience d’un monde contemporain déroutant, défini par ce contraste entre le numérique et le corporel. Avec ses œuvres nous sommes amenés à nous questionner comment se positionnent, dans cet environnement de plus en plus dirigé par les technologies numériques, les corps humains physiques, réels, opaques, vivants, remplis d’organes, porteurs d’une intériorité mentale et psychique, avec des recoins riches d’imagination. Comme le dit l’écrivain et vidéaste américaine Chris Kraus : « Mousset’s associative process is so rich. She fully believes in her own imagination and the logical or alogical digressions that shape an inner life. » (424 mots)
– Claire Hoffmann
Justine Emard (née en 1987) explore les nouvelles relations qui s’instaurent entre nos existences et la technologie.En associant les différents médiums de l’image – photographie, vidéo, réalité virtuelle et performance -, elle situe son travail dans un flux entre la robotique, les neurosciences, la vie organique et
l’intelligence artificielle.
De la création d’un dialogue entre un robot androïde et une psychologue (Erika, film de recherche,2016), à la matérialisation de rêves en impressions 3D (Dance Me Deep, 2020), en passant par une performance avec un moine bouddhiste (Heavy Requiem, 2019), ses œuvres tissent de nouveaux récits, issus d’interactions humains-machines et de l’incarnation de données. Dans Co(AI)xistence (2017), elle met en scène une première rencontre entre deux formes de vies différentes : un danseur/acteur, Mirai Moriyama, et le robot Alter, animé par une forme de vie primitive basée sur un système neuronal, une intelligence artificielle (IA) programmée par le laboratoire de Takashi Ikegami (Université de Tokyo), dont l’incarnation humanoïde a été créée par le laboratoire de Hiroshi Ishiguro (Université d’Osaka).
Grâce à un système d’apprentissage profond, l’IA apprend de l’humain, comme l’humain apprend de la machine, pour tenter de définir de nouvelles perspectives de coexistence. Une esquisse des possibilités du futur apparaît dans Soul Shift (2019) et Symbiotic Rituals (2019), lorsque différentes générations de robots commencent à se reconnaître. Leur apparence minimale autorise une projection émotionnelle, en ouvrant un espace pour l’imagination. Le Japon, que l’artiste a découvert en 2012 et où elle continue de se rendre régulièrement, a sensiblement marqué son travail. Au cours de ses multiples séjours, elle a exploré les connexions entre sa pratique des nouveaux médias et la philosophie japonaise ; en particulier le shintoïsme, qui confère un caractère sacré à la nature. Cette pensée animiste, encore vivace à l’époque des technologies connectées, affleure dans Exovisions (2017), une installation composée de pierres, de bois pétrifiés, d’argile prise dans la roche et d’une application de réalité augmentée. Depuis 2016, elle élabore sa série photographique La Naissance des Robots (2016-2020), dans la perspective anthropologique de l’évolution humaine, entre archéologie du futur et robotique androïde. Depuis 2011, elle montre son travail lors d’expositions personnelles en France, Corée du Sud, Japon, Canada, Colombie, Suède et Italie. Elle participe également à des expositions collectives : 7ème Biennale internationale d’Art Contemporain de Moscou, NRW Forum (Düsseldorf), National Museum of Singapore (Singapour), Moscow Museum of Modern Art (Moscou), Institut Itaú Cultural (São Paulo), Cinémathèque Québécoise (Montréal), Irish Museum of Modern Art (Dublin), Mori Art Museum (Tokyo), Barbican Center (Londres).